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Prendre soin de la relation humaine, un impératif pour la transformation sociétale

Dernière mise à jour : 5 mai

Les organisations de l’économie sociale et solidaire formulent l'intention commune d'œuvrer à une société plus juste et solidaire, une économie au service des personnes et de la durabilité de la planète, une citoyenneté pleine et entière pour toutes et tous. Elles visent la transformation économique, sociale, environnementale et de gouvernance prenant en charge l’ensemble de ces enjeux qui sont interdépendants. 

Elles posent le primat de l’émancipation individuelle et collective comme levier de transformation sociétale.

 

Quels que soient leurs statuts (associations, coopératives, mutuelles, fondations, sociétés commerciales de l’ESS), elles présentent également l’intention d’aligner leurs raisons d’être avec leurs modes d’organisation, de gouvernance, de vécu du travail, de la relation économique et sociale, et de l’engagement politique et citoyen en leur sein.

 

Or, malgré ces engagements, les réalités vécues au sein des organisations de l'ESS (en écho à celles qui traverse l’ensemble du monde économique et social ?) semblent s'éloigner de ces intentions :

 

  • L’évolution des modalités de financement de leur action tend à contraindre leur champs des possibles, à les mettre en concurrence, à les conduire à plaquer des cadres de gestion qui ne sont pas conciliables avec leurs intentions et principes et ne leur permettent pas d’assumer la complexité intrinsèque à leurs projets.

  • Notre société est de plus en plus fragmentée, à l’image de la fragmentation et de la polarisation des réalités vécues et ressenties par les personnes, en termes économiques, sociaux, environnementaux et politiques. Cela impacte directement les organisations de l'ESS, elles-mêmes fragilisées, divisées, en leur sein et entre elles.

  • La manifestation la plus évidente de ces constatations est la grande démission des salariées, bénévoles et donatrices qui touche elles aussi les organisations de l'ESS, alors qu’elles posent le primat de l’épanouissement des personnes qu’elles rassemblent, associent, fédèrent. 

 

Comment faire face à cette complexité, à ces tensions et écarts qui empêchent l'œuvre commune d’émerger, d’être visible et d’apporter un réel changement de paradigme ? 

 

Le soin à la relation humaine dans l’ESS reste largement impensé. Il est pourtant le seul ferment de toute coopération et de toute transformation.

Pourquoi le soin à la relation humaine reste-t-il encore largement impensé dans les organisations de l’ESS ? Primauté de la fin sur les moyens ? Présupposée suffisance des intentions du projet commun par rapport au vécu de ses acteurs ? Manque de moyens, de temps, de compétences ? 

Les modèles socio-économiques, statutaires, d’organisation ou de gouvernance ne peuvent à eux seuls résoudre ces tensions. Le soin à la qualité des liens entre les personnes est primordial et reste indispensable à tout chemin de transformation.

 

Seule l’attention à la relation peut engendrer une réelle coopération, au sens étymologique d’ “œuvre commune”, au sein des collectifs, des organisations et des écosystèmes. “Enseigner la compréhension entre les humains est la condition et le garant de la solidarité intellectuelle et morale de l'humanité” nous rappelle Edgar Morin . Sans cette attention à la relation humaine, comment faire émerger une œuvre commune à même de prendre en charge la complexité des transitions à conduire pour un monde, des sociétés, une économie, et des modalités de gouvernance nouvelles ?

 

Des compétences existent, peuvent et doivent être reconnues et encore développées au sein de l’ESS pour accompagner l’alignement de la raison d’être et des intentions des organisations de l’ESS sur leur vécu et leur projection.

La médiation (préventive ou de projet, de conflits, de réparation), la facilitation relationnelle, l’accompagnement aux aptitudes à coopérer et vivre les conflits, la prévention des risques psycho-sociaux, la professionnalisation de la fonction employeur sont autant de leviers complémentaires. Ces compétences s'appuyant sur des approches et des méthodes qui convergent et dont s'emparent d'ailleurs aujourd'hui un grand nombre d’entreprises qui ne se revendiquent pas de l’ESS pour attirer et retenir des salariées en recherche de sens au travail, c’est à dire d’utilité au delà de soi, de fierté à travers une éthique professionnelle et de possibilités d’épanouissement personnel, pour reprendre les critères de l’approche psychodynamique.

 

Une prise de conscience de cet impératif, la reconnaissance des moyens à mettre en oeuvre mais aussi l'identification et la mobilisation des ressources existantes au sein même de l’ESS sont les premiers pas nécessaires à la transformation sociétale souhaitée.

 

Cette attention à la relation est indispensable pour que l'ESS soit exemplaire, inspirante, et puisse réellement poursuivre et diffuser les transformations qu'elle vise. Elle est la condition d'un réel changement de paradigme au sein des organisations susceptible de susciter l'adhésion, et donc de permettre le développement et le déploiement des entreprises sociales et solidaires sous toutes leurs formes, de l’efficience de l'ESS en somme, pas qu'en termes économiques, mais également en termes d'impact.

 

Paris, le 28 janvier 2025

 

Tissons nos liens - tissonsnosliens@gmail.com


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